CDROM   CERCLE DE REFLEXION SUR L'ORGANISATION DES MOUILLAGES DU BASSIN D'ARCACHON
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Avec la Plaisance il est un poème, ensemble préservons le Bassin d'Arcachon
 
ACCIDENT INDUSTRIEL GRAVE SUR LE BASSIN D'ARCACHON
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Juillet 2012, l'usine de Smurfit Kappa de Biganos à l'arrêt après un accident pollution sans précédent

Bassin d’Arcachon, jeudi 05 juillet 2012, un accident industriel majeur survient à l’usine Smurfit de Facture Biganos. Un cuvier métallique de 5000 m3 rempli de liquide corrosif éclate et verse son contenu au sol. Les installations de sécurité ne peuvent retenir la vague et empêcher le débordement. Une partie du liquide corrosif s’écoule dans un ruisseau affluent de la Leyre. L’eau de la petite rivière noircit et les poissons font rapidement surface ventre en l’air. L'usine est arrêtée en urgence et les salariés doivent évacuer.
Des mesures conservatoires et de protection des populations sont prises immédiatement notamment par la municipalité du Teich. Les activités nautiques, canoës, kayaks, zones de baignade et de pêche doivent évacuer immédiatement et sont suspendues pour au moins 24 heures. Un arrêté préfectoral viendra consolider les mesures prises. Les ostréiculteurs s'organisent pour éviter les échanges d'eau dans les bassins de claire et les écluses du Parc ornithologique du Teich resteront fermées.
Aucune victime humaine n'est à déplorer, mais devant la gravité de l'accident et les plaintes déposées pour pollution, une enquête judiciaire est ouverte. Les installations sont mises sous scellés, le personnel sera mis en congé ou en formation pour une durée indéterminée.
C'est le choc chez les riverains, les usagers de loisirs, les professionnels de la mer, les pêcheurs, les ostréiculteurs, les naturalistes, les environnementalistes, les scientifiques et tous les amoureux du Bassin d'Arcachon. Le Delta de La Leyre a obtenu le 03 février 2012 le label de Ramsar, label international accordé à une zone humide pour sa qualité environnementale. Cinq mois plus tard, le label est souillé et les acteurs du Bassin d'Arcachon se sentent humiliés.

Mais bientôt on craint le suraccident. Un pompage est organisé dans le petit cours d'eau pour tenter de récupérer la liqueur noire échappée. Elle est reversée dans le bassin Saugnac qui est le bassin de rétention de l'usine. Le volume prélevé du mélange eau de la petite rivière  + liqueur noire est trop important puisqu'il remplit le Saugnac. A cet instant, la situation devient à hauts risques car l'usine a été arrêtée dans l'urgence avec des produits corrosifs dans les tuyauteries. Dans une cuve, de la pâte à papier fraîchement fabriquée pourrait fermenter. Or, si l'une des 140 autres cuves de l'usine cède ou si la météo devient orageuse, plus rien ne pourra retenir les polluants. C'est une situation de crise sur le Bassin d'Arcachon.

Qu'a t-il fallu pour arriver à cette situation ?
Que peut-on faire dans l'immédiat pour que la situation ne soit plus à risques ?
Que peut-on faire pour éliminer les dysfonctionnements dénoncés depuis de longues années ?
Que peut-on faire pour éviter que l'évènement ne se reproduise ?


Après le chaos du 05 juillet 2012, telles sont les questions auxquelles doivent répondre aujourd'hui les enquêteurs, l'industriel et les décideurs du Bassin.
L'usine est nécessaire parce qu'elle permet l'entretien de la forêt mais aussi parce qu'elle anime un secteur d'activité porteur d'emplois, dans l'entreprise de Biganos, dans la forêt, le transport, la recherche et la sous-traitance.
Les acteurs du Bassin, qu'ils soient usagers, professionnels ou de loisirs, élus, environnementalistes ou riverains veulent penser à l'avenir. Désormais ils ne veulent plus que le Bassin d'Arcachon et l'océan soient la poubelle des activités terrestres. Ils n'accepteront le redémarrage de l'entreprise que si les conditions de sécurité et de prévention des accidents prennent en compte l'improbable et si les rejets industriels ne viennent plus souiller l'environnement.

Malheureusement, l'État en a décidé autrement. Quelques jours après l'accident, un arrêté préfectoral autorise le démarrage de la centrale de traitements des eaux usées de l'industriel avec rejet direct des effluents dans le conduit du SIBA qui mène au Wharf de la Salie. Cet arrêté a été pris contre l'avis des élus du Bassin d'Arcachon. Si le SIBA (Syndicat Intercommunal du Bassin d'Arcachon) ne traite pas les effluents de Smurfit, il est "obligé" de transporter les rejets de l'industriel. Le raccord se situe après la station d'épuration de Biganos..

Les abords de l'Eyre Sud, le lendemain de l'accident

Port du Teich, 06 juillet 2012, 9 heures, côté nord, l'eau est de couleur gris très foncé et d'une odeur inhabituelle.


Port du Teich, côté ouest, couleur de l'eau gris très foncé, odeur soutenue rappelant peut-être celle du crésyl

 

Dès le 05 juillet 2012, un arrêté municipal et un arrêté préfectoral ont interdit toutes activités nautiques, de navigation, de pêche et de baignade sur la Leyre de Mios à l'embouchure sur le Bassin d'Arcachon pour une durée d'au moins  24 heures. Les activités navigations promenades en canoës ont dû évacuer sur le champ. Les arrêtés ont été affichés tout le long du sentier du littoral longeant le bras de l'Eyre sud.

 



A petite vitesse, sur l'Eyre du Teich, la mousse est provoquée par la seule étrave qui pousse l'eau de surface

A 1,5 km du Port du Teich, l'odeur et la mousse sont encore présentes 20 heures après l'accident

Le cadavre d'un poisson récemment posé par la marée descendante, une belle pièce à 6,5 km de l'accident

Une grande brème, poisson d'eau douce qui ne s'aventure pas dans les eaux saumâtres

Cadavre de brème commune sur la rive de l'Eyre Sud, trouvée à 6,5 km du lieu de l'accident
Débat du 20 juillet 2012 à Biganos - Prises de notes

Monsieur Jean-Pierre Hamon, sous-préfet d'Arcachon a réuni une tribune pour répondre aux demandes d'information pressantes des acteurs du Bassin d'Arcachon, en présence de Monsieur Laurent Sellier, Président Directeur Général de Smurfit Kappa, de monsieur Gérard Criqui, Directeur adjoint de la DREAL, de Madame Véronique Garnung, maire-adjointe de Biganos, de monsieur Roger Kantin, Chef de la Station IFREMER d'Arcachon, monsieur Blanchet, chercheur à l'Université et madame Sabine Jeandenand directrice des services du SIBA.

INTERVENTION DE MONSIEUR LAURENT SELLIER PDG DE SMURFIT KAPPA

L'ACCIDENT

Une cuve de 5000m3 de capacité s'est éventrée de façon atypique. La rupture violente et soudaine a provoqué une vague qui a provoqué un épandage de 3500m3 de liqueur noire. Le produit s'est dirigé en partie vers le ruisseau, le Lacanau. La quantité est difficile à estimer, environ entre 100 et 500 m3. L'effet est foudroyant, le produit caustique est très chargé en produits organiques, à peu près 300 kg de poissons meurent aussitôt. Aujourd'hui, ne connait pas l'impact total sur la faune, la flore et la nature, l'accident ne fait aucune victime humaine.

L'ENQUÊTE
Une enquête judiciaire est ouverte par le parquet de Bordeaux, l'ensemble des installations est sous scellés, on ne peut y accéder, un expert judiciaire a été nommé, il est intervenu la semaine passée et interviendra de nouveau la semaine prochaine. La Direction de Smurfit ne peut donc faire sa propre analyse précise des causes de l'accident, elle n'écarte pas une cause externe tant le déroulé du sinistre est atypique.

LA FILIÈRE BOIS
L'usine a été arrêtée subitement par mesure d'urgence, elle va être progressivement inspectée pour déboucher sur la remise en route et l'exploitation. Le personnel est en chômage technique ou dans un processus de formation, c'est aussi toute la filière bois qui est touchée.

LA LIQUEUR NOIRE

Dans la tour de cuisson, on imprègne les copeaux de bois de composés chimiques, de soude et de sulfates pour extraire la cellulose, la cellulose étant ce dont on fait le papier. Les jus de cuisson, c'est-à-dire l'ensemble de cette matière minérale, soude, sulfates et tous les éléments du bois, au premier rang les lignines,  tous ces jus de cuisson sont récupérés, on les appelle  la liqueur noire. Cette liqueur noire a deux particularités. D'une part, elle est très basique (inverse d'acide), le PH avoisine 13, c'est donc une matière extrêmement caustique, elle était dans cet état dans la cuve avant l'accident. D'autre part elle est très chargée en matières organiques avec la présence importante de lignines. Contrairement à ce qui a pu être dit, la liqueur noire n'est pas huileuse, c'est un produit aqueux qui se dilue donc rapidement dans l'eau. La dilution rapide a été observée dans le Lacanau dans les 4 heures qui ont suivi l'accident.

IMPACT SUR LA NATURE
Il n'y a pas aujourd'hui d'impact visible sur la flore, des observations seront faites par les services de l'Etat pour suivre l'impact sur la nature. Tout un observatoire de surveillance a été mis en place par les services de l'État qui vise à mesurer les effets à plus long terme.

LE BASSIN DE RETENTION
Le bassin de rétention est un outil de protection à l'intérieur de l'usine. Il a fonctionné par rapport à son objectif puisqu'il a récupéré l'ensemble des effluents tel qu'ils se sont déversés dans l'usine. L'enjeu important aujourd'hui est de ramener rapidement ce bassin de rétention à un niveau zéro c'est-à-dire de le vider. Le vider parce que c'est une situation technique exigée dans l'arrêté d'exploitation et si on devait avoir des abats d'eau importants ou un incendie, le bassin Saugnac déborderait et la situation serait dommageable à
l'environnement. Il est donc essentiel de réussir rapidement à traiter ce bassin d'effluents.
Il contient les produits de la liqueur noire qui a été très diluée. La station d'épuration traite habituellement cette liqueur noire. Ce qui est différent aujourd'hui c'est la quantité à traiter qui est plus importante que celle que nous avons à l'accoutumée, ce qui explique pourquoi l'arrêté prend 2 dispositions :
- la première, c'est la remise en marche de la station d'épuration des eaux dans les conditions qui sont les mêmes que lorsque l'usine est en marche.
- la deuxième, c'est de trouver des solutions alternatives afin d'accélérer le processus. On recherche un traitement externe pour un peu moins de la moitié du volume à traiter.

LES PROCHAINES ÉTAPES
Tout d'abord, c'est la remise en sécurité de l'ensemble de l'usine parce qu'elle s'est arrêtée en pleine charge. On va présenter un dossier à la DREAL qui l'a instruit et qui débouche sur un arrêté préfectoral d'urgence modificatif qui permet, sur un processus de 60 à 100 heures, de délester l'usine, c'est-à-dire de mettre l'ensemble de l'usine dans une position d'arrêt sans risque pour toutes les opérations qui doivent être conduites dans un deuxième temps.
La deuxième étape, sera de mettre en œuvre les opérations à mener dans un deuxième temps, c'est-à-dire conduire avec les services de l'État et sous l'autorité de l'État, l'ensemble des inspections qu'ils jugeront nécessaires pour permettre la remise en fonctionnement de l'usine.

INTERVENTION DE MADAME SABINE JEANDENAND, CHEF DES SERVICES DU SIBA
A votre demande, Monsieur le Préfet, vous souhaitiez avoir une cartographie très très rapide de la situation dès le lendemain matin au regard de l'impact de la pollution dans le Bassin et dans la Leyre. Nous avons utilisé l'ensemble des moyens terrestres et nautiques avec l'aide de notre exploitant la SABARC et nos collègues de services d'hygiène pour faire un relevé de PH, le seul indicateur qui nous permettait d'obtenir dans l'immédiat une mesure sur l'ensemble du territoire. Tout le littoral a fait l'objet de mesures et de prélèvements conservateurs d'eau. La cartographie vous a été rendue le 06 juillet à la mi-journée. Elle montrait effectivement un gradient du PH, mais on retrouvait le gradient naturel de mer et donc à aucun moment on n'a pas pu tracer par cet indicateur la pollution que cela soit au niveau de La Leyre ou au niveau intra Bassin. Les analyses complémentaires que nous avons pu réaliser sur les prélèvements d'eau n'ont pas permis de détecter une augmentation sur le paramètre des sulfates. On avait la fiche de sécurité de la liqueur noire fournie par Smurfit, c'est pour cela que nos analyses ont porté sur les sulfates. Ça ne nous a pas permis de détecter quoi que ce soit d'anormal au regard des mesures que nous avions faites.

INTERVENTION DE MONSIEUR BLANCHET CHERCHEUR UNIVERSITAIRE
J'ai été chargé d'évaluer aussi rapidement que possible s'il y avait un éventuel impact de ces rejets sur la faune benthique donc la faune qui vit dans les sédiments en sachant que le risque pour ces organismes est que l'apport de matières organiques en grande quantité peut bien se traduire par une dégradation de l'environnement et une mortalité rapide. Pour faire cette étude, on dispose de données depuis 2007 dans le chenal de Comprian qui est sous l'influence de La Leyre.
Je me suis rendu le lundi qui a suivi l'accident. Ces analyses prennent du temps. On a regardé macroscopiquement à partir des relevés qu'on a pu effectuer avec une pelle si on observait des signes évidents de mortalité très importante ou d'absence totale de faune. On s'est basé sur 3 stations seulement à cause du peu de temps qu'on nous a accordé. Sur les observations très préliminaires qu'on peut faire aujourd'hui, on n'a rien observé de particulier, c'est-à-dire la faune benthique, avec sa présence, avec son niveau d'abondance à priori normale. Mais attention, je ne parle là que de la grosse faune. On a fait des prélèvements quantitatifs, on va devoir analyser pour voir s'il y a des modifications sur des organismes de très petite taille qui peuvent être sensibles à ce type de pollution. Les résultats, on ne les aura, je pense, que mi ou fin septembre parce que c'est très long à traiter. On s'est pour l'instant contenté d'observations macroscopiques voir s'il y avait un impact très fort, immédiat, et la réponse, à priori, dans le secteur de Comprian, directement sous l'influence de La Leyre, on n'a pas observé de mortalité dramatique des organismes benthiques dans cette zone. Ceci étant, on continue les recherches et observations.

INTERVENTION DE MONSIEUR GÉRARD CRIQUI DIRECTEUR-ADJOINT DE LA DREAL

La DREAL depuis sa création en 2010 a en charge notamment tout le suivi d'une installation classée. On autorise tout établissement, industriel ou autre, qui répond à un classement en appellation classée par la protection de l'environnement, en proposant au préfet concerné, un arrêté qui définit les conditions dans lesquelles l'exploitation des installations est possible. Par exemple, le dernier arrêté global pour les installations de Smurfit Kappa date de 2010. C'est ce document qui décrit les détails pour assurer que toutes les précautions sont prises par l'industriel, pour fonctionner, en préservant la sécurité des travailleurs, du personnel extérieur à l'entreprise qui vient fréquenter le site pour raisons professionnelles et, bien entendu, du voisinage et de l'environnement dans son milieu naturel.
L'incident qui est arrivé le 05 juillet est extraordinaire au sens propre du terme car aujourd'hui, on n'a pas encore trouvé dans les archives du ministère, un précédent de ce type y compris dans toute autre industrie qui exploite des bacs de cette taille. La préoccupation des services de l'État, sous l'autorité du préfet et avec la vigilance active de monsieur le sous-préfet, a consisté à prendre la mesure de ce qui s'est passé et à déterminer des conditions qui permettaient d'assurer le mieux possible la sécurité de l'établissement, touché rappelons-le, par un évènement dont aujourd'hui, on ne sait pas encore, les origines et les causes.
La premère préoccupation, c'est de dire, on ne sait pas ce qui s'est passé, on arrête toute installation liée à ce procès, la remise en route ne pourra se faire qu'avec l'autorisation de l'État et après avoir fait tout une série d'investigations et de vérifications qui permettront de s'assurer que cette remise en route se fera dans les meilleures conditions de sécurité. C'est ce qui a été fait le lendemain, le préfet a signé un arrêté préfectoral d'urgence du 06 juillet. Dans ce genre de circonstance, toutes les procédures de concertation habituelles sont court-circuitées parce qu'incompatibles avec l'urgence de la situation. Après les réunions de septembre, vous serez informés en détails de ce qui s'est passé, ce qui a été fait et de la situation qui sera.
L'enjeu le plus fort de la situation actuelle, c'est le bassin de rétention dont il faut abaisser le plus vite possible le niveau, de façon à le remettre en situation où il pourrait faire face à un autre imprévu qu'il ne faut pas exclure. Par exemple, en ce qui concerne les précipitations, si elles sont fortes, personne ne peut les empêcher de tomber. Or le bassin Saugnac recueille également les eaux de pluies qui tombent sur l'ensemble de l'usine et la surface est importante. C'est la raison pour laquelle, un arrêté complémentaire à l'arrêté d'urgence a été signé par le préfet. Il fixe les conditions dans lesquelles, l'industriel, pour une partie des effluents recueillis dans le bassin de rétention,  pouvait utiliser sa station d'épuration pour les traiter dans les conditions telles que les rejets qui sortiraient de cette station restent parfaitement à l'intérieur des normes fixées par l'arrêté de 2010, c'est-à-dire les mêmes que pour les rejets dans la période d'exploitation normale de l'usine. L'idée est qu'on utilise cette station pour réduire la pollution dans ce bassin mais on n'augmente pas la charge des installations du SIBA par rapport à ce qu'il aurait continué à recevoir si l'incident ne s'était pas produit. Mais on ne peut prévoir les aléas météo, donc l'idée est de compléter ce dispositif par un autre dispositif qui prévoit pour 20 000 m3 d'effluents de les traiter par une autre filière. La discussion porte sur le transport des effluents par camions citernes vers d'autres stations à priori d'incinération. Or la capacité susceptible d'être traitée ne dépasse pas 500 m3 par semaine, d'autres solutions sont à l'étude dont on espère réalisables au cours de la semaine prochaine. Donc, premier enjeu, abaisser le niveau du bassin de rétention sans que ça ait de l'influence négative sur les conditions normales dans lesquelles le SIBA reçoit et rejète ensuite en mer les effluents qui sont des effluents normaux.
Deuxième enjeu, l'usine a été arrêtée de manière complètement imprévue. Ce n'est pas une des machines de l'usine qui est tombée en panne mais une capacité de stockage qui est utilisée dans le processus. Les machines ont pu être arrêtées de manière classique, imprévue quant au moment, très classique quant à la méthode, par contre elles sont arrêtées comme elles étaient. C'est-à-dire qu'il y a un bac de liqueur noire chargé aux 2/3, il y a une machine de pâte à papier qui est pleine, il y a d'autres dispositifs qui sont pas en situation où ils peuvent rester arrêtés en l'état longtemps sans que ça ne finisse par causer des problèmes. Il n'y a pas de problème de sécurité à ce stade là, c'est dans la durée que ça posera des problèmes. Une autre des raisons aboutit à des nouvelles mesures complémentaires en arrêté qui ont été signées ce midi par l'autorité préfectorale. Pour remettre en service, il y a toute une série d'inspections à faire. Or inspecter les bacs, c'est plus compliqué lorsqu'ils sont pleins ou à moitié pleins que lorsqu'ils sont vides. Donc il faut mettre l'usine en situation de pouvoir réaliser ces inspections dans des conditions suffisamment précises pour que les résultats de ces inspections soient significatifs et nous permettent à nous, comme à l'autorité régalienne, et à l'entreprise comme entreprise responsable et responsable des conséquences de ses versions, de décider le moment venu la remise en route de la production dans des conditions de sécurité qui soient tout à fait bonnes. Techniquement, pour arriver à une situation où les machines soient vides et un certain nombre de bacs notamment le deuxième bac de liqueur noire soit vide, il faut remettre en route certaines des installations de manière temporaire pour pouvoir, évacuer, consommer, recycler ce qui peut l'être. L'entreprise nous a présenté ce qui était nécessaire de faire démarrer pendant quelques jours pour arriver à la situation de délestage de l'usine. On appelle ça une situation d'arrêt en position nominale.

Le 3ème volet, qui est sur un plus long terme, on a constaté en tant qu'administration, notre souci de sécurité à la fois du personnel, du voisinage, était partagé par l'entreprise, nous, parce que c'est le rôle de l'État et l'entreprise parce qu'elle en a la conviction très profonde. Il n'est pas possible pour elle de risquer un nouvel incident de ce type avec tous les points d'interrogations qui restent ouverts tant qu'on ne sait pas ce qui s'est passé sur ce bac. Évidemment, il y aura des questions qui resteront sans réponse. Mais on peut faire le tour des vérifications pour éliminer tous les risques potentiels identifiables à ce jour.

RÉACTIONS DÉBAT AVEC LES INTERVENANTS PUBLICS INVITÉS

Invités
- difficile de croire qu'une cuve bien entretenue puisse éclater aussi violemment
- difficile de croire que le bassin de rétention était correctement conçu vu que La Leyre a été polluée
- pourquoi les murs en béton conçus pour retenir la vague n'ont pas résisté ?
- on est proche d'une zone riche en biodiversité, on espère une étude d'impact et un suivi de la situation
- on est sur une zone Natura 2000
- le Delta de La Leyre a reçu le label international Ramsar pour sa qualité environnementale
- le Lacanau a été impacté ainsi que La Leyre jusqu'à au moins à l'embouchure
- nécessité d'étudier l'impact sur la faune et les invertébrés, les poissons ne sont pas les seuls touchés
- un Centre de Sauvegarde des oiseaux existe à Audenge, il peut servir de sentinelle
- l'usine ne pourra être remise en route sans de véritables mesures de sécurité
- le principe de précaution n'est pas pris en compte
- le Saugnac n'était pas plein après l'accident, malgré les rejets de la cuve éventrée
- le Saugnac a été rempli à cause des volumes pompés dans le Lacanau pour récupérer les effluents
- les camions de nettoyage ont beiné à tort la liqueur noire dans le Saugnac
- besoin de transparence sur la composition de la liqueur noire
- besoin de transparence sur la composition des effluents et la quantité rejetée

- les stations du SIBA ne traitent pas les effluents de SMURFIT
- les usagers et loueurs de canoes ne connaissent pas les procédures d'évacuation d'urgence

- est ce qu'on peut avoir une entreprise avec un processus robuste au niveau de la sécurité ?
- il faut penser désormais à l'avenir
- les cuves sphériques sont plus résistantes que les cuves cylindriques
- l'usine en exploitation a un problème d'odeur
- le SIBA n'a pas le droit à la parole sur la composition des effluents rejetés
- demande de création d'une procédure de sécurité
- nécessité d'isoler l'usine de l'environnement et de protéger les populations
- ça fait 10 ans qu'on attend la mise aux normes du Saugnac
- demande de création d'une CLIS, Commission Locale d'Information et de Sécurité
- on n'a pas la preuve que la corrosion de la cuve est surveillée

Smurfit :
- les fuites sont habituellement les préalables à des interventions de maintenance.
- la cuve a été conçue en 1974, installée par St Gobain qui était propriétaire du site, pour contenir du fuel lourd, dans un but de créer une réserve stratégique de fuel lourd pour le sud de la France.
- la cuve était soumise à contrôle lorsqu'elle contenait du fuel lourd
- il n'y avait pas de procédure à respecter dès le moment où elle était utilisée pour stocker la liqueur noire, à part des procédures de bon sens, à savoir si le métal est compatible, si la structure est en état.
- on ne sait pas ce qui s'est passé, donc on n'écarte pas une cause exogène
- il y a 140 cuves dans l'entreprise dont 80 de plus de 100m3 soumises à inspection
- depuis le 11 juillet, 10 200 m3 ont été prélevés dans le Saugnac
- il y a 1200 molécules dans la liqueur noire
- on ne sait pas traiter toutes les molécules, on ne sait pas les identifier, on a des traceurs
- le traitement actuel fait baisser le Saugnac de 2 cm par jour
- les effluents habituellement rejetés n'ont que des traces de liqueur noire
- les effluents évacués depuis l'accident n'ont pas la même composition que d'habitude
- les effluents pompés aujourd'hui comportent la liqueur noire de la cuve éventrée
- l'usine existe depuis 1928
- un site internet d'informations sera créé, possibité d'y poser des questions et d'obtenir des réponses

Vos commentaires
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De CDROM / le 26/07/2012
La transparence devrait venir du PDG. Après plusieurs questions précises et insistantes, il a avoué devant le Représentant de l'État, que les effluents actuellement rejetés ne sont pas les mêmes qu'en période d'exploitation. Logique : actuellement dans le Saugnac, il y a la liqueur noire de la cuve éventrée (d'habitude elle ne passe dans la station d'épuration qu'à l'échelle de traces) + tout ce qui a été lessivé au sol de l'entreprise après l'accident + tous les contaminants qui se trouvaient au fond du Saugnac depuis 10 ans. Une belle soupe ! Quant à l'analyse, le PDG a dit qu'il y a 1200 molécules, on ne sait pas les identifier (comprenez => donc on ne peut pas les détruire), on a juste des traceurs (comprenez => des approximations).
De Maxime / le 26/07/2012
Merci pour les infos. Que fait la presse locale et nationale pour informer les citoyens ? Je regrette que l'analyse des rejets du wharf de la Salie ne soit pas rendue publique.
De Jean / le 25/07/2012
j' ai apprécié d' être informé par ce moyen. J'essaye de retransmettre à un maximum d' amis concernés.
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