Cercle De Réflexion sur l’Organisation des Mouillages du Bassin d’Arcachon Avec la plaisance il est un poème, ensemble préservons le Bassin d'Arcachon CDROM Cercle De Réflexion Sur l’Organisation des Mouillages du Bassin d’Arcachon Association loi 1901 n° W 336001119 Maison des Associations 1 place Pierre Dubernet 33470 LE TEICH mouillagescdrom@orange.fr http://mouillagescdrom.wifeo.com 05 57 52 32 63 | | 17 août 2020 Monsieur Jean-Daniel ALAMARGOT Commissaire Enquêteur | Objet : Enquête publique dragages du Port et de la Canelette de La Teste de Buch Monsieur le Commissaire Enquêteur, L’Association CDROM, Cercle De Réflexion sur l’Organisation des Mouillages, est un groupe de réflexion et d’action de 80 navigateurs de plaisance adhérents qui pratiquent une navigation durable dans le mouillage-cabotage et qui s’attachent à valoriser et à préserver le patrimoine maritime du Bassin d’Arcachon qu’il soit naturel, culturel, historique ou scientifique. La pêche professionnelle, l’ostréiculture et la construction navale sont les trois activités essentielles de la dynamique économique et sociale du Bassin d’Arcachon. A cause du phénomène naturel d’envasement des ports et de leurs chenaux d’accès, les opérations de dragage constituent un élément vital pour le développement de ces activités maritimes. Afin de préserver le patrimoine naturel, il est impératif de rechercher le meilleur compromis sur la méthode et les moyens à mettre en œuvre, de façon à préserver la qualité de l’eau et à ne pas altérer les écosystèmes existants. L’ENQUÊTE PUBLIQUE DÉMATÉRIALISÉE La période d’urgence sanitaire décidée par le gouvernement du 24 mars au 10 juillet 2020 a provoqué le report de l’enquête publique sur le projet de dragage du port et de la Canelette de La Teste qui était initialement prévue du 24 mars au 24 avril 2020. A cause du contexte sanitaire qui se prolonge, et pour éviter les regroupements de consultants dans les mairies, l’enquête publique est désormais également proposée sous la forme dématérialisée. Elle permet ainsi à tout citoyen équipé informatique de consulter plus facilement le dossier de présentation et d’annoter le registre des contributions sans se déplacer. Encore faut-il pouvoir trouver où se trouve le dossier descriptif. LE DOSSIER Dans le Registre Numérique, le dossier est très mal présenté au public. On trouve une liste de 8 titres de documents répertoriés avec les lettres de A à H mais aucun titre ne fait référence au dossier descriptif. Cette présentation donne l’impression au public qu’il ne peut consulter en numérique que les avis et contributions des institutions ainsi que les différents courriers échangés avec le pétitionnaire. Le titre du document classé à la ligne B aurait dû afficher en sous-titre un sommaire descriptif des 5 pièces importantes à savoir, le dossier descriptif, l’étude d’impact sur l’environnement et les 3 autres suivantes. Or ce n’est qu’après avoir ouvert ce lourd dossier (76 Mo) et à condition d’avoir eu la patience d’attendre l’ouverture (3 à 6 mn durée du téléchargement selon le matériel et le navigateur utilisés) que le public découvre qu’il peut enfin consulter le dossier descriptif. Il aurait été logique de séparer le téléchargement du « Dossier descriptif » de celui du dossier « Impact sur l’environnement » ainsi que de celui des 3 autres. L’ouverture de chacun aurait été plus rapide et cela aurait permis aux usagers de répéter la consultation plus facilement. Dans la lecture des 1500 premiers avis et contributions diffusés dans le Registre Numérique qui assurent de l’existence de « boues polluées » ou « fortement polluées » dans le port de La Teste, on peut remarquer l’absence de référence aux données des analyses d’échantillons publiées dans les pages 30, 31 et 32 de la Pièce II « Étude d’impact au titre des articles L122-1 et suivants du Code de l’Environnement » (pages 70 à 72/698 du document total). Cela pourrait confirmer que le « Dossier descriptif » n’a pas été consulté par les participants à l’enquête pour les motifs évoqués ci-dessus. De plus, un tract avec le titre « La ville de Gujan-Mestras vous informe … » a été distribué dans les boîtes aux lettres des résidents de Gujan-Mestras. Cette feuille de choux alerte les résidents sur « le haut niveau de pollution des 35 000 m3 de boues à traiter » alors que les organismes agrémentés qui ont été consultés sont loin de fournir un tel bilan. Au vu de la majorité des avis et contributions déposés, l’enquête publique ressemble désormais à une pétition. On peut se poser la question sur la légitimité de l’auteur de ce tract d’autant qu’il risque de déclencher l’effet inverse à son attente. Parce que le dossier descriptif est difficile d’accès et parce qu’un tract au texte maladroitement orienté a été diffusé par des élus, nous considérons que les résultats de la consultation à l’enquête publique risquent de manquer d’objectivité. CDROM ne cèdera pas à la pression, il préfère se rapprocher de la légitimité et de l’indépendance des scientifiques. Le dossier descriptif a été rédigé en 2018. Des annexes ont été ajoutées par la suite pour modifier des textes. Il aurait été logique d’inclure directement les modifications dans le dossier avant de le présenter au public. Les données d’estimation des volumes à extraire et les analyses datent de 2016. Qu’en est-il en 2020 ? MÉTHODE ET MOYENS DE DRAGAGES Les pages 17 et 18 de la Pièce I indiquent que le dragage sera réalisé mécaniquement et en pleine eau. Ce choix parait arbitraire et sans aucune argumentation technique durable. Analyse du CDROM Tous les corps s’attirent avait dit Isaac Newton. De même, dans les vases portuaires, les microparticules de contaminants, invisibles à l’œil nu, sont attirées et collées sur les grains de sable. Mais qu’en est-il lors des opérations de dragage ? Dragage mécanique La fouille dans la vase puis le relevage du godet de la pelleteuse créent le ruissellement d’une quantité d’eau importante sur les grains de sable. Le contaminant est alors décollé puis précipité par gravitation avec la coulure dans les eaux du Bassin d’Arcachon. Ainsi le godet extrait le sable mais remet une grande partie des contaminants en suspension dans l’eau du Bassin. Certains contaminants, très toxiques voire cancérogènes, seront alors ingérés par la faune marine. Puisqu’une partie des contaminants retombe dans l’eau pendant le relevage du godet, cette méthode va entrainer la diminution du taux de concentration des contaminants dans le sable prélevé. Ainsi les sédiments séchés afficheront une concentration devenue non toxique et pourront être valorisés plus facilement tandis que l’eau du Bassin aura augmenté son taux de pollution. Le dragage mécanique est donc à proscrire au moins en pleine eau. Toutefois, selon la configuration du fond marin sous la couche de vase à extraire, l’opération de dragage pourrait s’effectuer mécaniquement mais alors uniquement à marée basse et en dehors de tout risque de dispersion des sédiments. Les engins de chantier et les camions pénétreraient à l’intérieur du port de La Teste par la cale de mise à l’eau pour extraire la vase à l’aide de godets à volume beaucoup plus important que celui du godet d’une pelleteuse. C’est la méthode qui a été utilisée en avril 2010 pour draguer le port de Cassy. A marée basse, la vase a perdu une grande quantité d’eau. Voir les photos ci-dessous. Cliquez sur les images Dragage mécanique réalisé à marée basse dans le Port de Cassy en avril 2010 Le remplissage de la benne du camion est très rapide, 2 godets suffisent Aucune dispersion des contaminants pendant les extractions L’impact du dragage mécanique en pleine eau Les tableaux des pages 27, 28 et 29 de la Pièce II « Impact sur l’Environnement » accusent des taux de HAP supérieurs au niveau N1 mais sans dépassement du niveau N2 pour les échantillons prélevés dans le chenal. Les tableaux des pages 30, 31, 32 et 33 de la Pièce II « Impact sur l’Environnement » notent plusieurs relevés d’échantillons accusant des taux de HAP supérieurs au niveau N2, ainsi que des relevés d’échantillons accusant des taux supérieurs au niveau N2 pour les métaux tels le cuivre et le mercure. La fouille dans la vase et le relevage du godet non étanche vont provoquer la mise en suspension d’une quantité importante de sédiments et la dispersion de microparticules chargées de contaminants. La turbidité de l’eau va en être dégradée jusqu’au milieu du Bassin d’Arcachon et l’effet photosynthèse qui aide au développement de la flore en sera affecté. Pour ces motifs, le dragage mécanique en pleine eau est à proscrire. L’alternative durable : le dragage hydraulique Le SIBA, Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon, dispose d’une drague hydraulique à élinde mobile équipée d’une fraise à vitesse de rotation variable. L’aspiration du mélange eau + sédiments réduit considérablement le risque de dispersion des microparticules contaminées. Ainsi le dragage hydraulique ne crée pas de dysfonctionnement majeur. La technique du dragage hydraulique est à prioriser en pleine eau Or les documents fournis pour l’enquête publique ne précisent pas pourquoi le mode de dragage hydraulique n’a pas été étudié et priorisé, ni pourquoi le dragage mécanique a été imposé. Ce point montre qu’il n’y a pas eu de recherche de méthodes alternatives durables. ÉVACUATION ET STOCKAGE DES SÉDIMENTS PRÉLEVÉS La page 137 de la Pièce II « Impact sur l’environnement » montre le trajet retenu pour le transport des sédiments prélevés. C’est la plus longue rotation de 56 km qui a été retenue alors que la plus courte possible ne totalise que 22 km. La plus longue aurait l’avantage, d’après l’étude présentée, de ne pas traverser de bourg. Ce qui est faux puisque le trajet retenu traverse le bourg de la commune Le Teich. De plus dans cette configuration, après avoir franchi le passage à niveau de La Mole, les camions ne pourront pas entrer directement en marche avant dans le complexe de La Mole. Le camion devra effectuer une manœuvre pour entrer. Cette manœuvre provoquera des risques accidentogènes routiers à proximité du passage à niveau. Alors que si le camion utilise le trajet considéré le plus court, il ne traversera que le bourg de La Hume, et se présentera en marche avant et sans risque devant le complexe de La Mole. Halte aux camions sur la route Les camions en provenance du port de La Teste s’ajouteront-ils sur la route aux camions qui transporteront pendant la même période les sédiments extraits du port d’Arcachon ? 25 rotations des camions de La Teste + 34 rotations des camions du Port d’Arcachon = 59 rotations par jour du lundi au vendredi. L’étude d’impact environnemental sur le transport routier a été zappée et la transition écologique méconnue. Supprimons le transport routier des sédiments prélevés. L’organisation du dragage des ports de Gujan-Mestras a supprimé le transport routier des sédiments mouillés. Une conduite étanche enterrée permet le transport des vases à l’aide de la drague hydraulique qui les refoule vers le complexe de La Mole. Ce concept répond parfaitement à une organisation durable. Pas de turbidité, pas de contaminants en suspension dans l’eau et pas de camions sur la route. Les documents fournis pour l’enquête publique dénoncent des relevés de concentration de pollution N2 dans le Port de La Teste avec parfois des dépassements pour les HAP et certains métaux, cuivre et mercure. Pour cette catégorie de sédiments, l’égouttage par infiltration est à proscrire, d’autant que le site de stockage de La Mole est entouré d’un schorre (herbier). Les matières extraites polluées de niveau N2 doivent être réceptionnées dans un bassin à fond étanche et la déshydratation des sédiments s’effectuera par évaporation. CONCLUSION Considérant que le dragage mécanique provoque de la turbidité et la mise en suspension puis la dispersion de particules contaminées qui seront ingérées par la faune benthique, l’Association des Navigateurs de Plaisance CDROM donne un avis très défavorable au projet des dragages mécaniques du port de La Teste de Buch et de la Canelette. Considérant que le transport routier génère du bruit, de la pollution carbone, la dégradation des infrastructures routières et des risques d’accidents, l’Association des Navigateurs de Plaisance CDROM donne un avis très défavorable aux transports routiers des sédiments prélevés. Considérant que les niveaux de pollution HAP, cuivre et mercure de plusieurs échantillons prélevés dépassent la norme N2, considérant que le bassin d’égouttage de La Mole n’est pas armé d’un fond étanche, l’Association des Navigateurs de Plaisance CDROM donne un avis très défavorable au stockage des sédiments de La Teste dans le complexe de La Mole. Considérant que le dragage du Port de La Teste devra se répéter sur le long terme, considérant que l’installation du complexe de La Mole est un modèle durable exemplaire, l’Association des Navigateurs de Plaisance CDROM propose la création d’une organisation durable à l’exemple de celle réalisée à La Mole mais équipée d’un bassin à fond étanche, et de l’implanter à proximité du port de La Teste. C’est ce qu’avait proposé dès 2006 le SDTVP, Schéma Directeur du Traitement des Vases Portuaires du Bassin d’Arcachon. L’environnement maritime serait ainsi durablement préservé autant à La Mole qu’à La Teste et les coûts d’entretien du port de La Teste et du chenal d’accès seraient maîtrisés par l’apport des deux millions d’euros qui étaient imaginés au préalable dans la dépense du transport des sédiments par camion jusqu’à la plateforme spécialisée de la commune Le Teich. Pierre CONTRÉ Patrick LAC Michel TRONCHE Gilbert ROUX Président Trésorier Secrétaire Administrateur |